Conférence Dix ans après « le printemps arabe » - éviter une autre décennie perdue
Conférence Dix ans après « le printemps arabe » - éviter une autre décennie perdue donnée par Monsieur Ferid Belhaj - vice président de la Banque Mondiale pour la région MENA
Conférence Dix ans après « le printemps arabe » - éviter une autre décennie perdue donnée par Monsieur Ferid Belhaj - vice président de la Banque Mondiale pour la région MENA
Dans le cadre du cycle des conférences organisées par le Laboratoire d’Intégration Economique Internationale (LIEI) qui vise à encourager l’ouverture de l’université sur son environnement socio-économique et avec le soutien de la Fondation Friedrich Naumann pour la Liberté – Tunisie, s’est tenue le vendredi 18 Février 2022 à 11h, une conférence sous le thème : Dix ans après le "Printemps Arabe": éviter une autre décennie perdue. La conférence a eu lieu à la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de Tunis, a été présentée par Monsieur Ferid BELHAJ, Vice-Président de la Banque Mondiale (BM) pour la région MENA et animée par Madame Fatma MARRAKCHI CHARFI, directrice du LIEI.
La première question a porté sur les rôles respectifs de la BM et du Fonds Monétaire Internationale (FMI) dans le monde et dans la région MENA. Le conférencier, a répondu à cette question en insistant sur le fait que la Banque Mondiale est une institution de développement lui permettant d’établir des conversations sur les réformes mises en place et d’octroyer un soutien budgétaire pouvant avoir lieu parfois même en l’absence de programmes clairs avec le FMI. M. BELHAJ a aussi rappelé que la BM ne reçoit pas de financement des pays membres mais émet des obligations sur le marché financier international. Etant notée AAA, cette institution est considérée comme étant le meilleur client du marché ; elle emprunte en effet à des taux extrêmement faibles et prête à des taux concessionnels contrairement au FMI qui le fait à des taux plus élevés et moyennant des conditions. Il a aussi rappelé l’existence au sein du groupe de la BM d’une Agence Internationale pour le Développement des pays les moins avancés : IDA qui est la seule branche de la BM qui est tributaire du financement des pays membres et dont la reconstitution de ses fonds se fait tous les 3 ans. Dans ce sens, le conférencier a développé l’idée qu’il y a un an et demi, 90 milliards de dollars ont été mis à la disposition des pays les moins avancés et qu’aucun pays n’a le droit de veto ni la capacité de bloquer les fonds. Toutefois, un pays peut voter contre le financement comme le cas des Etats-Unis, détenant 15,8% du capital, qui ont voté contre le prêt COVID pour l’Iran et malgré cela, le prêt a été quand même octroyé.
Revenant sur la question autour des 10 prochaines années : Comment faire en sorte que les choses se passent mieux que la décennie précédente ?
M. Belhaj en faisant référence à son article publié une année auparavant, à l’occasion du 10ème anniversaire de la révolution, a souligné le contraste entre les espoirs nés du printemps arabe et les réalisations. En effet, le conférencier explique cela par le fait que le contrat social n’a pas été revu et on se retrouve finalement à la case départ aggravée par la dérive de la mauvaise gouvernance et des conflits. Soulever la question du contrat social amène à se poser la question sur le rôle de l’Etat dans les pays concernés par « le printemps arabe » et plus spécifiquement pour la Tunisie. Dans le normatif, le conférencier souligne qu’il est plus simple que l’Etat soit un régulateur plutôt qu’un faiseur et générateur d’une mauvaise gouvernance. D’ailleurs, l’expérience a montré que le secteur privé devient plus performant lorsqu’il est simplement régulé et lorsque l’Etat veille au respect des règles de la concurrence. Il est ainsi urgent de mettre en évidence le secteur privé, par le biais de la recherche et de l’innovation, de réduire les entraves à l’investissement, d’assouplir les procédures et d’arrêter avec l’inflation législative et l’accumulation des textes de lois. M. BELHAJ rajoute qu’il est essentiel aujourd’hui de repenser un nouveau contrat social basé sur une responsabilisation mutuelle des gouvernants et de la société civile.
Dans la même lignée de réflexion, la question de la compensation apparait importante dans la mesure où elle peut générer davantage d’injustice sociale et constituer un obstacle à la démocratie.
La directrice du LIEI, Mme Fatma MARRAKCHI CHARFI, a rappelé que le retard dans l’implémentation des réformes explique le fait que la Tunisie n’ait pas rebondi économiquement après la crise de la COVID 19 contrairement à d’autres économies similaires et/ou partenaires.
Suite à l’intervention de M. le vice-président de la Banque Mondiale pour la région MENA, un débat franc et constructif a été ouvert entre enseignants, chercheurs, certains représentants des structures gouvernementales et des étudiants d’une part et M. Ferid Belhaj d’autre part. Des questions relatives à la réforme de la compensation, à l’émigration des compétences tunisiennes … ont été posées et débattues.
Le lien de la conférence est ci-dessous.